ZONE HUMIDE
ETUDE GEOTECHNIQUE
PARVIS PIETON
ECLAIRAGE
MOBILIER URBAIN
INTEGRATION D’UN POSTE ELECTRIQUE
Aménagement berges de Saône
VILLEFRANCHE SUR SAONE
2017 – 2019
Maître d’ouvrage
CABVS (Communauté d’agglomération du Beaujolais et Val de Saône)
Programme
Création d’une halte fluviale à Villefranche sur Saône, parking bus, scénettes d’accueil, ouvrage sculptural.
Mission
AVP / PRO / ACT / DET / AOR / OPC
Surface
1 ha
Montant des travaux
1 500 000 € HT
Création de la Halte fluviale de Villefranche sur Saône après seulement 1 an et est déjà une réussite en terme d’intégration paysagère.
Une halte fluviale, nouvelle porte d’entrée du Beaujolais
Au niveau de Villefranche-sur-Saône, la Communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Saône a décidé d’aménager une halte fluviale. Conçu par l’agence de paysage Esquisse Urbaine (69), cet aménagement en zone inondable décline le vocabulaire fluvial aussi bien dans la palette végétale que dans les matériaux et le mobilier.
Sur environ 300 mètres linéaires, le long de la Saône, la halte fluviale n°1 se veut comme nouvelle porte d’entrée touristique dans le territoire du Beaujolais. Dans une logique paysagère, le projet s’appuie sur les nombreux éléments existants afin d’intégrer au mieux le nouveau quai bus permettant aux cars touristiques de stationner. De plus, grâce à un mobilier identitaire et des matériaux faisant écho aux paysages locaux, la promenade réaménagée offre un lieu de passage et de pause dans un cadre de qualité. Un bel accueil pour les touristes débarquant du nouvel embarcadère.

Préserver les arbres existants
La conception de la halte fluviale s’appuie en grande partie sur l’existant. « L’allée de platanes bicentenaires a été conservée, tout comme le chemin en stabilisé dont l’altimétrie et le tracé ont été gardés intacts » confie Antoine Pépin, paysagiste concepteur, fondateur d’Esquisse Urbaine. Car, en plus de présenter un caractère remarquable, ce double alignement de platanes permet l’intégration paysagère du stationnement des cars touristiques, qui constituait l’un des défis du projet. De cette façon, ce site classé en zone N dans le PLU conserve son caractère originel de site naturel en bord de rivière.
Le concepteur a également adapté la proposition initiale du bureau d’études Artelia, missionné pour la conception et l’installation de la nouvelle passerelle et du ponton flottant. « Il était prévu d’abattre deux platanes pour installer la passerelle. Mais, c’est le contraire qu’il fallait faire : nous avons donc adapté l’emplacement de la passerelle pour conserver tous les platanes » ajoute Antoine Pépin.
Ainsi, le tracé du projet limite au maximum les terrassements à proximité des platanes conservés. Comme l’explique Lucas Grosson, responsable Méthodes & Ingénierie de Parcs & Sports, entreprise qui a réalisé les travaux paysagers, « lors de la dépose des bordures, du décapage de l’enrobé présent ou encore du décompactage des 30 premiers centimètres du sol à l’aide d’une pelle Mecalac 15 t, nous avons cerclé les arbres de barrières de chantier pour éviter tout impact sur le tronc ou roulement d’engins sur les racines » précise le référent
Mais à certains endroits, il fallait décaisser au pied des arbres. Dans ce cas, la terre a été décaissée à l’aide d’un petit godet pour ne pas endommager les racines, puis des barrières anti-racines (quel type, marque ? ou matériau ?) ont été déployées pour protéger le système racinaire. Les bordures enlevées ont été stockées sur la base de vie afin d’être reposées une fois les revêtements terminés.

ZOOM
Des ducs-d’Albe de 2 m de haut !
Les ducs-d’Albe sont ces grands poteaux en acier ou en bois que l’on observe au bord des fleuves et rivières : ils servent à amarrer péniches et bateaux. En écho à ceux présents au niveau de la passerelle et du ponton flottant, le paysagiste concepteur a décidé d’en installer le long du quai bus. Mesurant 2 m de haut et 40 cm de diamètre, les 10 unités ont été livrées et posées grâce à un camion semi-remorque de Parcs & Sports. Elles sont emboîtées sur des tiges de scellement et platines préalablement fixées dans des plots béton de 60 x 60 cm.
De cette façon, le quai bus emprunte le vocabulaire architectural du quai fluvial, les ducs-d’Albe devenant également des éléments identitaires et des points de repère dans le paysage.
Des matériaux identitaires…
Se voulant comme une « nouvelle porte d’entrée dans le territoire Beaujolais, l’aménagement décline les matériaux présents localement, identitaires des paysages locaux. A l’image de la pierre dorée qui remplit les gabions ou encore des galets de rivières que l’on retrouve dans des lignes au sol en galets sciés » détaille Antoine Pépin.
Les 90 mètres linéaires de gabions, livrés en panneaux rigides électrosoudés et assemblés sur place grâce à une agrafeuse pneumatique, sont ainsi remplis de pierre dorée (Ø 60/180) provenant des carrières Poccachard. Ce dispositif de grilles vides (maille 50 x 100 mm), fournies par SETP, est adapté dans le cas d’un choix de pierres spécifiques nécessitant un remplissage sur place.
En plus d’appuyer les lignes du projet et de structurer l’espace, ces gabions font office de bancs par l’installation d’assises bois (en mélèze sans traitement car ce bois est imputrescible naturellement ?) sur 40 ml. Elles sont constituées de lames de section 100 x 50 x 500 mm, fournies par Crouzoulon (43).
Les gabions, tout comme les 60 m2 de galets sciés, reposent sur une semelle linéaire continue en béton maigre, de 15 cm d’épaisseur, qui assure la portance et fait office de lit de pose. Les galets sciés sont ensuite jointés au mortier gras.



… et du mobilier sur-mesure
Le choix du mobilier participe, voire détermine le caractère d’un espace. Cette affirmation est parfaitement illustrée par le projet de la halte fluviale, où le concepteur a décliné une identité propre pour le mobilier. Arceaux, corbeilles, panneaux… ils déclinent le même RAL en écho à la couleur du bois des pilotis présents dans la Saône. En acier thermolaqué, les panneaux signalétiques ont été découpés sur-mesure. Tout comme l’ossature et l’habillage du transformateur/local poubelles. « Nous avons fait de cette verrue paysagère un ouvrage marqueur du projet. Il est le support d’une carte du Beaujolais qui localise les différents vignobles de l’appellation » précise le gérant d’Esquisse Urbaine.
Des sols perméables
Situé en zone inondable, l’aménagement a fait l’objet d’une attention particulière concernant la nature des sols. « Nous avons privilégié des sols perméables afin d’absorber l’eau plutôt que d’engorger les réseaux souterrains. Le quai bus est ainsi revêtu d’un béton drainant, grâce à une formulation spécifique (laquelle en gravier sault Brenaz 100% Pour se fondre dans le cheminement sablé existant?). En parallèle, de larges noues recueillent les eaux de pluie de la voirie » poursuite le paysagiste concepteur. Ces noues sont plantées d’une palette végétale de zone humide en fond de fossé (Phragmites australis, Typha latifolia) et de trois espèces de graminées, afin de respecter le caractère naturel de l’espace. Pour diversifier la palette végétale, apporter de la verticalité et offrir rapidement un beau volume, des cépées de Pterocarya stenoptera, installées avec des tuteurs simples obliques classe 3 en pin, ont été plantées. « Cette essence d’arbre, qui supporte les sols humides, pousse rapidement. Un atout pour intégrer rapidement le stationnement au paysage alentour » termine Antoine Pépin. Les plantations ont reçu un double-paillage : des plaquettes de bois recouvrent une bâche biodégradable en PLA (amidon de maïs).
Un bel aménagement qui devrait se poursuivre, dans les années à venir, avec de nouvelles haltes fluviales pour participer au dynamisme touristique du territoire.